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navigation | auteur: bauelaire poesie (5) le divin marqui de sade (1) articles récents l’ennemi/baudelaire dialogue entre un pretre et un moribond ma musique the serpentine offering/dimmu borgir au lecteur/baudelaire calendrier de blacka angel973 juillet 2019 l ma me j v s d « déc 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24 25 26 27 28 29 30 31 visiteurs il y a 1 visiteur en ligne sondage désolé il n'y a aucun sondage disponible actuellement. 21 décembre, 2007 l’ennemi/baudelaire ma jeunesse ne fut qu’un ténébreux orage, traversé çà et là par de brillants soleils ; le tonnerre et la pluie ont fait un tel ravage, qu’il reste en mon jardin bien peu de fruits vermeils. voila que j’ai touché l’automne des idées, et qu’il faut employer la pelle et les râteaux pour rassembler à neuf les terres inondées, où l’eau creuse des trous grands comme des tombeaux. et qui sait si les fleurs nouvelles que je rêve trouveront dans ce sol lavé comme une grève le mystique aliment qui ferait leur vigueur ? - ô douleur ! ô douleur ! le temps mange la vie, et l’obscur ennemi qui nous ronge le coeur du sang que nous perdons croît et se fortifie ! par blackangel973 le 21 décembre, 2007 dans poesie pas encore de commentaires dialogue entre un pretre et un moribond le prêtre : arrivé à cet instant fatal, où le voile de l’illusion ne se déchire que pour laisser à l’homme séduit le tableau cruel de ses erreurs et de ses vices, ne vous repentez-vous point, mon enfant, des désordres multipliés où vous ont emporté la faiblesse et la fragilité humaine? le moribond : aveuglé par l’absurdité de tes systèmes, j’ai combattu par eux toute la violence des désirs, que j’avais reçus par une inspiration bien plus divine, et je m’en repens, je n’ai moissonné que des fleurs quand je pouvais faire une ample récolte de fruits… voilà les justes motifs de mes regrets, estime-moi assez pour ne m’en pas supposer d’autres. le prêtre : quel mérite eussent eu les hommes, si dieu ne leur eût pas laissé leur libre arbitre, et quel mérite eussent-ils à en jouir s’il n’y eût sur la terre la possibilité de faire le bien et celle d’éviter le mal? le moribond : ainsi ton dieu a voulu faire tout de travers pour tenter, ou pour éprouver sa créature; il ne la connaissait donc pas, il ne se doutait donc pas du résultat? le prêtre : qui peut comprendre les vues immenses et infinies de dieu sur l’homme et qui peut comprendre tout ce que nous voyons? le moribond : celui qui simplifie les choses, mon ami, celui surtout qui ne multiplie pas les causes, pour mieux embrouiller les effets. qu’as-tu besoin d’une seconde difficulté, quand tu ne peux pas expliquer la première, et dès qu’il est possible que la nature toute seule ait fait ce que tu attribues à ton dieu, pourquoi veux-tu lui aller chercher un maître? la cause de ce que tu ne comprends pas, est peut-être la chose du monde la plus simple. perfectionne ta physique, et tu comprendras mieux la nature; épures ta raison, bannis tes préjugés, et tu n’auras plus besoin de ton dieu. le moribond : je te défie toi-même de croire au dieu que tu me prêches – parce que tu ne saurais me le démontrer, parce qu’il n’est pas en toi de me le définir, que par conséquent tu ne le comprends pas – que dès que tu ne le comprends pas, tu ne peux plus m’en fournir aucun argument raisonnable et qu’en un mot tout ce qui est au-dessus des bornes de l’esprit humain, est ou chimère ou inutilité; que ton dieu ne pouvant être l’une ou l’autre de ces choses, dans le premier cas je serais un fou d’y croire, un imbécile dans le second. mon ami, prouve-moi l’inertie de la matière, et je t’accorderai le créateur, prouve-moi que la nature ne se suffit pas à elle-même, et je te permettrai de lui supposer un maître; jusque-là n’attends rien de moi, je ne me rends qu’à l’évidence, et je ne la reçois que de mes sens; où ils s’arrêtent ma foi reste sans force. je crois le soleil parce que je le vois, je le conçois comme le centre de réunion de toute la matière inflammable de la nature, sa marche périodique me plaît sans m’étonner. c’est une opération de physique, peut-être aussi simple que celle de l’électricité, mais qu’il ne nous est pas permis de comprendre. qu’ai-je besoin d’aller plus loin, lorsque tu m’auras échafaudé ton dieu au-dessus de cela, en serais-je plus avancé, et ne me faudra-t-il pas encore autant d’effort pour comprendre l’ouvrier que pour définir l’ouvrage? le moribond : il est donc possible qu’il y ait des choses nécessaires sans sagesse et possible par conséquent que tout dérive d’une cause première, sans qu’il y ait ni raison ni sagesse dans cette première cause. le prêtre : où voulez-vous en venir? le moribond : a te prouver que tout peut être ce qu’il est et ce que tu vois, sans qu’aucune cause sage et raisonnable le conduise, et que des effets naturels doivent avoir des causes naturelles, sans qu’il soit besoin de leur en supposer d’antinaturelles, telle que le serait ton dieu qui lui-même, ainsi que je te l’ai déjà dit, aurait besoin d’explication, sans en fournir aucune; et que, par conséquent dès que ton dieu n’est bon à rien, il est parfaitement inutile; qu’il y a grande apparence que ce qui est inutile est nul et que tout ce qui est nul est néant; ainsi, pour me convaincre que ton dieu est une chimère, je n’ai besoin d’aucun autre raisonnement que celui qui me fournit la certitude de son inutilité. le moribond : réponds avec franchise et surtout bannis l’égoïsme. si j’étais assez faible que de me laisser surprendre à tes ridicules systèmes sur l’existence fabuleuse de l’être qui me rend la religion nécessaire, sous quelle forme me conseillerais-tu de lui offrir un culte? voudrais-tu que j’adoptasse les rêveries de confucius, plutôt que les absurdités de brahma, adorerais-je le grand serpent des nègres, l’astre des péruviens ou le dieu des armées de moïse, à laquelle des sectes de mahomet voudrais-tu que je me rendisse, ou quelle hérésie de chrétiens serait selon toi préférable? le moribond : a l’égard de tes miracles, ils ne m’en imposent pas davantage. tous les fourbes en ont fait, et tous les sots en ont cru; pour me persuader de la vérité d’un miracle, il faudrait que je fusse bien sûr que l’événement que vous appelez tel fût absolument contraire aux lois de la nature, car il n’y a que ce qui est hors d’elle qui puisse passer pour miracle, et qui la connaît assez pour oser affirmer que tel est précisément celui où elle est enfreinte? il ne faut que deux choses pour accréditer un prétendu miracle, un bateleur et des femmelettes; va, ne cherche jamais d’autre origine aux tiens, tous les nouveaux sectateurs en ont fait, et ce qui est plus singulier, tous ont trouvé des imbéciles qui les ont crus. ton jésus n’a rien fait de plus singulier qu’apollonius de thyane, et personne pourtant ne s’avise de prendre celui-ci pour un dieu; quant à tes martyrs, ce sont bien assurément les plus débiles de tous tes arguments. le moribond : ah! mon ami, s’il était vrai que le dieu que tu prêches existât, aurait-il besoin de miracles, de martyrs et de prophéties pour établir son empire, et si, comme tu le dis, le coeur de l’homme était son ouvrage, ne serait-ce pas là le sanctuaire qu’il aurait choisi pour sa loi? cette loi égale, puisqu’elle émanerait d’un dieu juste, s’y trouverait d’une manière irrésistible également gravée dans tous, et d’un bout de l’univers à l’autre, tous les hommes se ressemblant par cet organe délicat et sensible se ressembleraient également par l’hommage qu’ils rendraient au dieu de qui ils le tiendraient, tous n’auraient qu’une façon de l’aimer, tous n’auraient qu’une façon de l’adorer ou de le servir et il leur deviendrait aussi impossible de méconnaître ce dieu que de résister au penchant de son culte. que vois-je au lieu de cela dans l’univers, autant de dieux que de pays, autant de manières de servir ces dieux que de différentes têtes ou de différentes imaginations, et cette multiplicité d’opinions dans laquelle il m’est physiquement imposs